III. Les conséquences et moyens de lutte
1) L'évasion fiscale, la fraude fiscale et l'optimisation
L'évasion fiscale, la fraude fiscale et l'optimisation sont des actes qui ont pour but de contourner les impôts sur la solidarité sociale ou de les atténuer.
- La fraude fiscale est le fait de détourner le système fiscal par le biais de l'illégalité, en plaçant par exemple son argent dans un des nombreux paradis fiscaux cités auparavant.
- L'évasion fiscale est un terme à ne pas confondre avec la fraude fiscale. En effet, l'évasion fiscale est le moyen dit légal de contourner ou d'abaisser les taux d'impositions obligatoires français, en utilisant les failles du système légal.
- L'optimisation fiscale est un moyen totalement légal de réduire la charge fiscale, en appliquant strictement les règles fiscales sans jamais être en contradiction ou infraction avec les lois fiscales en vigueur. Des spécialistes tels que des fiscalistes ou experts comptables peuvent proposer ces services, qui consistent à mettre en place une gestion personnalisée de son patrimoine correspondant à ses objectifs et besoins stricts.
Voici un schéma qui explique bien et clairement ces définitions : (www.lafinancepourtous.com)
2) Les conséquences
A) Les coûts socio-économiques
Premièrement, la fraude et l'évasion fiscale sont des dangers pour l'économie du pays concerné, puisque cela crée un manque à gagner à l'état ainsi qu'une faiblesse croissante du système de sécurité sociale - s'il existe - puisque pour payer les pensions retraites, les allocations familiales ainsi que les autres aides de l'état aux personnes les plus démunies, un impôt est demandé aux personnes dites "honnêtes".
Si l'évasion et la fraude fiscale augmentent considérablement comme cela est en train de se passer et que les millions d'euros continuent de se soustraire aux budgets publics, les particuliers payeront de plus en plus d'impôts et cela entrainera la France dans une spirale vicieuse.
L'argent qui est placé dans des banques comme celles des Bahamas est souvent de l'argent blanchi issu d'activités illégales même si ce n'est pas obligatoirement le cas. L'argent blanchi est la plupart du temps réinjecté dans les activités criminelles existantes ou dans de nouvelles encore plus développées : L'état ne se développe alors pas.
B) L'érosion du secteur financier
Les banques brassent toujours de plus en plus d'argent, surtout depuis ces 20 dernières années. En effet la complicité bancaire est la méthode de base pour pouvoir blanchir son argent, et des sommes énormes sont blanchies chaque année, ce qui peut nuire à la stabilité des marchés financiers. Mais depuis que les moyens de lutte contre le blanchiment ont été considérablement développés, beaucoup d'entreprises (Ex: Enron) et de particuliers tombent pour blanchiment d'argent et salissent la réputation de la banque. Il n'est pas rare de trouver dans la presse des scandales de blanchiment d'argent dans diverses banques. Après ces scandales, les acteurs principaux de ces banques peuvent perdre confiance en ces établissements et décider de retirer leurs fonds et de les placer ailleurs ou bien de les garder en liquide comme cela se fait de plus en plus. Dans le pire des cas cela peux conduire à la faillite d'établissements bancaires ou bien créer des crises financières qui peuvent être mondialisées.
C) Une concurrence déloyale
A cause des sociétés écrans, les sociétés légales qui n'exercent aucune activité illégale sont pénalisées. En effet les sociétés écrans déclarent une activité commerciale réelle et légale, comme la vente de gaz et d'électricité (Enron) ou le commerce des petits magasins tel que les pizzérias. Une fois créées, les sociétés n'ont plus qu'à présenter et déclarer des factures factices et obtiennent des recettes propres et déclarables. A petite échelle on peut citer la pizzéria, qui prétend avoir servi 300 repas aujourd'hui alors que cette dernière n'a peut être même pas ouvert le magasin de la journée. Cette technique est une des plus utilisées mais cela tend à diminuer car des contrôles effectués par le fisc sont de plus en plus présents.
D) Une distortion économique
Les blanchisseurs qui investissent leur argent sale n'ont aucun intérêt à investir dans des biens ou domaines économiques avantageux à l'état où les fonds sont investis. Par exemple nous pouvons prendre le cas étrange de l' immobilier. Alors que les prix de l'immobillier ont fortement chuté ces 5 dernières années, on peut noter que paradoxalement, dans la ville de Nairobi au Kenya le prix immobilier connait une croissance éclair de 2 à 3 fois plus en 5 ans. Miracle ? Loin de là, puisque il faut savoir que le Kenya a 682 km (d'après wikipédia) de frontière commune avec la Somalie, et que cet état est un des acteurs principaux de la piraterie dans le monde. Qui dit piraterie, dit argent sale, qui dit argent sale dit blanchiment. Avec un système d'achat et de revente de l'immobilier Kenyan, les pirates somaliens réussissent à blanchir leur argent. Pour comprendre la distortion économique, il faut savoir que le Kenya est un pays plutôt pauvre et que beaucoup de kenyans n'ont pas de logements alors que le prix du foncier triple. Ces ditorsions sont aussi trompeuses, puisque les données économiques du gouvernement Kenyan indique que si le prix du foncier augmente, alors la demande baisse, ce qui peut engendrer des décisions qui ne sont pas dans le meilleur intéret pour l'état.
3) Les moyens de lutte
A) A l'echelle mondiale : L'ONU et la GAFI
C'est la Convention des Nations Unies, de décembre 1988 à Vienne, qui a été le premier instrument internationnal à traiter du produit du crime, et qui a demandé aux Etats de considerer le blanchiment d'argent comme une infraction pénale. Une loi datant de 1996 a créée le "délit général de blanchiment" (article 324-1 du Code pénal). A cause des événements du 11 septembre 2001, les Etats ont recentré la lutte contre le blanchiment sur le financement du terrorisme, c'est la Résolution ONU 1373 adoptée le même jour que les attentats.
Lors du Sommet du G7 à Paris en juillet 1989, un groupe d'action contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme a été créé : Le GAFI, Le Groupe d'Action Financière ou FATF : Financial Action Task Force en anglais. Ce groupe a été élaboré pour donner des normes non impératives, qui sont des lignes de conduites et conseils pour les gouvernements en matière de lutte contre le blanchiment d'argent, sous forme de 40 recommandations.
B) A l'echelle Française
TRACFIN, qui signifie littéralement Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits FINanciers clandestins, est la céllule française de lutte anti-blanchiment, directement rattachée au ministère de l'économie et du budget. Le siège de TRACFIN se trouve a Montreuil en Seine-Saint-Denis. Cette céllule française a été créée en 1990 suite aux recommandations de la GAFI après le Sommet du G7 à Paris en 1989.
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